Un étalage normalement dédié aux produits danois dans un supermarché du Caire laissé vide pendant la crise des Caricatures du prophète Muhammad. Cette crise avait provoqué un boycott des produits danois dans le monde arabe. 

Une semaine après l'enterrement en Alexandrie de Marwa El Sherbini, les émotions sont encore à fleur de peau. A peine entrés dans un taxi ce matin, le chauffeur me demande d'où je viens. "De France ? Les français sont des gens bien, pas comme les allemands!"

Pour Ahmad, Le meurtre de Marwa et du bébé qu'elle portait par un extrémiste allemand en pleine audience d'un tribunal de Dresde, est une tragédie. Il a ressenti avoir perdu une soeur, morte à cause de son voile. "Bien sur, tous les allemands ne sont pas comme ça mais ça ne devrait pas arriver. Son seul tort était de s'habiller comme une bonne musulmane. "

Auprès de la population, les efforts d'Angela Merkel pour désamorcer la crise n'ont pas encore porté tous leurs fruits. La presse du pays a quelque peu changé de ton au cours du weekend et appelle au calme. Peut-être aura-t-elle un effet apaisant mais le mal est fait.

Pendant 10 jours, l'Allemagne a été associée, délibérément ou non , au racisme et à l'intolérance. Des appels au boycott sur Facebook ont été lancés et certains blogueurs y voient le signe d'une menace grave pour les musulmans européens. Pendant que les chancelleries allemande et égyptienne s'affairent à calmer les esprits, Mahmoud Ahmadinejad saisit cette affaire pour demander une condamnation de l'état allemand par le conseil de sécurité et l'adoption de sanctions. Les critiques dont Teheran a fait l'objet au cours des manifestations de Juin dernier sont soulignées comme une preuve du parti pris de l'Occident contre les musulmans.

On se souvient de la colère qui avait gagné de nombreuses populations musulmanes après la publication par un journal danois de caricatures du prophète Muhammad jugées offensantes. Les réactions avaient mis plusieurs mois avant de s'exacerber. Une concertation entre islamistes avait permis de transformer l'indignation en mouvement de colère massif. Dans l'affaire Marwa, les appels au boycott restent pour l'instant discrets et émanent de particuliers. On peut parier que l'Allemagne regarde de très près l'évolution de la situation.